La naissance d’une musicienne :

Notre cheffe, Françoise BROUÉ, aujourd’hui retraitée de l’enseignement (ex professeur des écoles), est née le 20 novembre 1956 à Béziers, d’un père universitaire, historien, militant syndical et trotskiste, et d’une mère professeur d’anglais, ce qui a laissé quelques traces… Entre autres, elle a appris le russe et sait, avec ses choristes, être aussi pointilleuse sur la prononciation d’un chant en russe (révolutionnaire ou de la liturgie orthodoxe) qu’elle l’est pour des chants en anglais, en italien, ou en espagnol…

Elle n’a pas étudié que ces langues étrangères, puisqu’en famille, le langage musical était couramment pratiqué :

« Chez moi, il était obligatoire d’apprendre le piano, ce que j’ai fait (mollement) de 6 à 18 ans. A l’école et en colo, on chantait et ma sœur et moi, on apprenait chacune une voix ; comme ça on pouvait chanter toutes les deux. On chantait principalement dans la voiture quand on faisait les grands trajets qui nous emmenaient de Seine et Marne en Ardèche. Mes parents nous encourageaient beaucoup à le faire car pendant ce temps là, on ne se battait pas ! Mon père aussi aimait chanter, mais il avait la réputation de chanter faux, ce qui n’était pas vrai : il chantait simplement à la hauteur qui lui convenait et seulement à celle-ci. Ma mère chantait bien, mais pas souvent. Ensuite, quand nous habitions Grenoble, nous allions un dimanche sur deux chez mes grands parents à Chambéry. Mon grand-père, quand il avait gagné au tiercé ou que ma grand-mère lui avait donné un peu d’argent (ça la faisait hurler qu’il dise ça), il nous donnait cinq francs à chacune si on lui chantait une chanson nouvelle. Sacrée motivation! »

C’est ainsi, qu’avec plaisir, nous voyons parfois débarquer du Canada dans nos répétitions sa sœur Catherine, elle aussi enseignante historienne, chanteuse et musicienne. Un de nos récents concerts a été inspiré par une de ses chansons (« Perles de brume »).

Devenue cheffe d’Avanie & Framboise…

Françoise BROUÉ, jeune enseignante au Mas de la Raz à VILLEFONTAINE, a commencé comme choriste dans la chorale du quartier qui allait devenir plus tard Avanie & Framboise. Elle y a rapidement pris des responsabilités :

« Je chantais dans la chorale dirigée par le directeur de l’école où j’étais institutrice et il m’a proposé de diriger quelques chants…Puis j’ai suivi des stages et, un beau jour, je suis devenue « calife à la place du calife ». J’ai donc commencé à diriger en 1982, puis j’ai pris la direction seule en 1985. »

Depuis, son parcours de chef de chœur est intimement lié à l’histoire d’Avanie & Framboise. De même que son histoire personnelle : Elle a eu trois enfants avec ….François, choriste de la première heure !

« j’ai trois enfants de 29, 27 et 25 ans, qui sont tous venus à la chorale tout petits : je les y ai même allaités ! »

(citation de 2019)

Sa fille Alice a participé plusieurs fois à nos concerts comme flûtiste.

Françoise a multiplié les expériences avec d’autres chorales et d’autres chefs de chœurs. Elle s’est intégrée comme choriste dans d’autres formations, parfois constituées pour monter de grandes œuvres du répertoire classique. Elle a fréquenté de nombreux autres musiciens, lors de formations ou dans l’organisation de rencontres musicales.

Et cheffe de deux autres formations

Aujourd’hui, Françoise dirige deux autres chœurs :

«  Je dirige deux autres chœurs : Femmes de Chœur (15 choristes) et Cantiamo (20 choristes) qui sont tous les deux des chœurs de femmes. Femmes de chœur a un répertoire assez varié qui se tourne de plus en plus vers les chants du monde et Cantiamo s’est construit autour du projet de ne chanter qu’en italien »

Avec quelques choristes d’Avanie & Framboise, elle participe aussi activement à l’animation de l’association Chorales en Chœur.

Qui sait faire travailler ses choristes :

Avec Françoise, l’apprentissage des chants se fait essentiellement à l’oral, lors des répétitions, et par un peu de travail à la maison:

« Tout se fait par apprentissage oral. Il n’est pas nécessaire de savoir lire la musique, même si certains choristes ont du mal à se détacher de la partition qui est donnée, soit au début, soit en cours d’apprentissage…soit pas, selon le cas et le bon vouloir de la cheffe ! Je pense de plus en plus que la partition empêche certains processus d’apprentissage et de mémorisation en détournant l’attention du chanteur (je n’ai aucun argument scientifique pour ça, juste une intuition tirée de l’observation et de l’expérience). N’oublions pas que, traditionnellement, la musique et les chansons se transmettaient par tradition orale ; la transcription écrite n’étant qu’un aide-mémoire. Pour aider (tout le monde n’apprend pas à la même vitesse), je fournis aux choristes des « fichiers » audio de toutes les voix de chaque chant. Selon leur besoin, il peuvent s’en servir pour réviser. Quelquefois, je donne des « devoirs », c’est rare, mais parfois efficace »

Avec Françoise, depuis les années 90, les choristes chantent systématiquement en concert sans partition. Il leur faut donc apprendre par cœur les chants et les textes dans des langues diverses :

« Le fait de chanter sans partition en concert est venu pour moi en regardant les autres chorales (la mienne aussi !). Les choristes ne regardaient que très rarement leur chef. Ils avaient l’air de chanter pour leur partition et pas pour les gens venus les écouter. Le chef gesticulait pour donner des indications que peu de choristes voyaient. Pour certains choristes la partition est un doudou : on s’y accroche pour se rassurer, mais, dans le fond, ça ne sert pas à grand chose. De plus, chanter sans partition nécessite de bien maîtriser le morceau. J’ai remarqué que depuis qu’on fait ça, on arrive mieux préparés au concert qu’avant. »

Au travail oral, Françoise ajoute souvent en répétition un travail avec le corps, par quelques balancements, des petits pas de danse… permettant aux choristes d’être dans le bon tempo et d’avoir des repères plus exacts pour les démarrages.

En plus, elle demande parfois aux hommes et aux femmes de se mélanger (ce que les choristes apprécient beaucoup !), voire de chanter complètement dispersés, ce qui permet à chacun de mieux entendre les autres voix… et de prendre de l’assurance.


Ses objectifs pour Avanie & Framboise

La justesse est pour elle un objectif essentiel et demande des efforts permanents :

« La justesse, c’est ce qui me pose le plus de problèmes (ndrl : avec les choristes), et, pourtant, c’est le minimum syndical ! Encore que, quand je vais écouter un chœur amateur, je préfère qu’il chante faux (un peu) avec conviction et cœur, que juste et mécaniquement. »

Et plus que juste, Françoise demande surtout de… bien chanter :

«  Si on chante une chanson, il ne suffit pas de chanter les notes et le rythme correctement, il faut la chanter bien (d’où le travail sur la voix) et l’interpréter. Sinon, ça n’a aucun intérêt pour l’auditeur. Ça passe par du travail parfois fastidieux mais indispensable. Sinon, autant passer les enregistrements de la « voix » des fichiers que je donne pour réviser. »

Et enfin, son but ultime avec les choristes d’Avanie & framboise, c’est évidemment de présenter au public des concerts originaux, de qualité et provoquant chez les spectateurs une véritable émotion.

Ses meilleurs souvenirs, ses déceptions…ses rêves :

Son meilleur souvenir:

Son pire souvenir :

«  C’était la première année où je dirigeais (1982), la première chanson : Ballade en novembre d’Anne Vanderlove. A un moment, les paroles disent : « ma robe a toujours ses reprises… » et là, le même choriste, toutes les fois, faisait le geste du conducteur, et surtout le bruit du changement de vitesse d’une voiture ! Heureusement, il a fini par se lasser. »

Un de ses souvenirs les plus drôles :

«  Nous chantions une chanson de Boby Lapointe (je crois que c’était Le papa du papa), et un des choristes dont le français n’est pas la langue maternelle et qui a peu de confiance en ses capacités de mémoire, avait beaucoup de mal à mémoriser les paroles de cette chanson qui en avait beaucoup et était très rapide. Après réflexion, j’avais décidé de le dispenser de mémoriser les paroles et lui avais confié la charge de surgir du chœur derrière lequel il était caché pour crier : « c’est mon cousin » . Et, au concert, il a oublié ! »

Son plus grand rêve pour la chorale :

« Qu’un extrait de concert soit diffusé sur France Culture ! »

L’avis des choristes : 5/5

Compétente & exigeante, pédagogue & persévérante, patiente & bienveillante, encourageante & disponible, confiante & optimiste… voilà comment les choristes définissent Françoise BROUÉ.

« Un grand talent musical… c’est la meilleure ! », « Une cheffe d’exception ! »
« Une cheffe qui fait progresser, originale dans le choix de ses thèmes et de ses chants »
« Elle a su s’adoucir avec les années et mieux tolérer nos moments de dissipation ou de “faiblesse” »
« Elle est confiante dans le groupe avec lequel elle vit son aventure chorale depuis longtemps »
« Ouverte à des propositions originales»
« J’aime la façon dont Françoise dirige la chorale. C’est un bon groupe et c’est sur Villefontaine »
« La cheffe qui nous fait confiance et qui m’a permis de m’améliorer »
« Tous les chants qui sont difficiles au départ de l’apprentissage, ça me fait dire que je n’y arriverais pas et …arrive un jour une répétition, et là je me dis que c’est gagné, je l’ai (le chant) et ça grâce à la cheffe »
« L’optimisme que Françoise transmet avant le concert est également important »